Haïti : Jean Michel Lapin plaide pour une appropriation nationale de l’aide internationale

Depuis près d’un mois, Haïti voit se profiler une assistance internationale de plus en plus concrète. Portée par les États-Unis d’Amérique, l’ONU, l’Union européenne et l’OEA, cette mobilisation se veut une réponse collective aux menaces transfrontalières comme la criminalité organisée et le terrorisme. Elle repose sur le partage d’informations, l’appui sécuritaire et militaire, mais aussi sur un principe de solidarité destiné à renforcer la gouvernance publique et à lutter contre l’impunité.

Pour Jean Michel Lapin, ancien Premier ministre, cette aide ne doit pas être perçue comme une ingérence, mais comme « la matérialisation d’un acte d’engagement mutuel entre États ». Toutefois, insiste-t-il, sa réussite dépend d’une véritable appropriation nationale. Lapin appelle ainsi à inscrire cette assistance dans une « vision haïtienne » de développement durable, qui placerait les priorités du pays au cœur de la coopération internationale.

Cette vision doit, selon lui, s’articuler autour du renforcement des structures de sécurité publique et de défense nationale, de la création d’instituts de formation pour cadres militaires et policiers, ainsi que de l’aménagement stratégique des points frontaliers. Elle doit aussi embrasser les urgences sociales : modernisation du système électoral, renforcement de l’éducation de la maternelle à l’université, développement de logements sociaux et d’un vaste programme d’urbanisation des bidonvilles de Port-au-Prince et de sa périphérie. Lapin souligne également l’importance de moderniser les transports publics, d’encourager l’économie sociale et solidaire, et de garantir l’indépendance du pouvoir judiciaire par de véritables politiques publiques de lutte contre la corruption.

« Pour construire un système de sécurité publique et de défense nationale, il faut développer l’homme nouveau en même temps que la base matérielle », affirme Jean Michel Lapin, qui invite les Haïtiens à s’unir autour des grandes idées refondatrices de la Nouvelle Haïti. Pour lui, cette assistance internationale doit être saisie comme une opportunité de tracer une nouvelle orientation, l’alternative de demain.